La défaite et La France de Vichy

En juin 1940 l’armée française est défaite et l’armistice est signé. Le Maréchal Pétain, chef de l’État Français, met en place une politique de collaboration avec l’Allemagne. Des lois antisémites sont votées.

La France vaincue et la naissance de l’État Français

La France est divisée en deux zones, une dite libre et l’autre occupée par les troupes allemandes. L’Assemblée nationale et le Sénat, réunis à Vichy, votent les pleins pouvoirs à Philippe Pétain. C’est la fin de la IIIe République.

Hitler poursuit sa politique expansionniste en 1939 et envahit la Pologne le 1er septembre 1939. La France et le Royaume-Uni déclarent alors la guerre à l’Allemagne. Les Français et les Britanniques restent sur la défensive pendant plusieurs mois, et on ne se bat pas. Toutefois, le 10 mai 1940 les troupes allemandes attaquent à l’ouest, envahissent la Belgique et les Pays-Bas, et percent le front à Sedan. La retraite générale est ordonnée le 12 juin et le 14 les Allemands défilent dans Paris. Le maréchal Pétain forme un nouveau gouvernement et signe l‘armistice le 22 juin 1940. La France est divisée en deux zones, une dite libre, et l’autre occupée par les troupes allemandes.

Le 10 juillet, l’Assemblée nationale et le Sénat, réunis à Vichy, votent les pleins pouvoirs à Philippe Pétain, en vue de rédiger une nouvelle constitution. Sur les 649 parlementaires présents, seuls 80 s’y opposent. Le lendemain, Pétain se nomme lui-même « chef de l'État français ». Pétain forme un nouveau régime, l’État Français, dont le gouvernement siège en zone libre, à Vichy. C’est la fin de la IIIe République. Pétain prône la collaboration avec Hitler. 

L’antisémitisme dans l’opinion publique

La crise économique des années 1930 a réveillé l’antisémitisme qui sommeillait en France depuis l’affaire Dreyfus. Mais contrairement à l’époque de l’Affaire, aucune grande voix ne s’élève, aucun sursaut moral de l’opinion n’a lieu.

La crise économique des années 1930 a réveillé l’antisémitisme qui sommeillait en France depuis l’affaire Dreyfus. L’arrivée des Juifs fuyant les persécutions nazies et le contexte politique national et international renforcent ce mouvement qui croît depuis 1934. Les groupuscules antisémites se multiplient et les publications se banalisent. Ainsi, en 1933, Meurie publie à Nice la Revue critique qui s’en prend violemment aux Juifs.
Les attaques contre Léon Blum, que les élections de 1936 portent à la présidence du Conseil, donnent la mesure de l’antisémitisme du temps. Xavier Vallat, député de l’Ardèche, déplore le 6 juin 1936 à la tribune de la Chambre, que la France, « ce vieux pays gallo-romain », soit gouverné par un Juif, que cette « nation paysanne », ait à sa tête « un talmudiste subtil ». La droite parlementaire écoute, impassible.
C’est le signal d’une campagne injurieuse et calomnieuse, d’une violence extrême. Papillons apposés sur les maisons appartenant à des Juifs et menaces de mort se multiplient dans les Alpes-Maritimes comme dans le reste de la France. Homme de droite mais Juif, Georges Mandel, n’est pas épargné. « Faut les renvoyer chez Hitler ! En Palestine ! » s’exclame Céline.
Dans son journal Je suis partout, le 15 avril 1938, Brasillach propose plutôt d’en faire une minorité à statut. Il ajoute qu’il convient de les priver de leurs droits civils et politiques, de les chasser de toutes les professions et de confisquer leurs biens. Le programme de Brasillach est bientôt appliqué par le régime de Vichy, comme il l’est déjà en Allemagne. 

Enfin, Les groupes d'extrême-droite mènent des campagnes dont la violence s'accentue avec l'arrivée des Juifs allemands et autrichiens fuyant les persécutions nazies. En 1939 de nombreux Juifs italiens viennent trouver refuge dans les Alpes-Maritimes, consécutivement aux lois raciales promulguées par Mussolini. Contrairement au temps de l’affaire Dreyfus, aucune grande voix ne s’élève, aucun sursaut moral de l’opinion n’a lieu.

Vichy et les Juifs

Les conséquences de la défaite sont catastrophiques pour les 300 000 Juifs résidant en France. Avec la loi sur le statut des Juifs du 3 octobre 1940, ils ne sont plus des citoyens à part entière.

Les conséquences de la défaite sont catastrophiques pour les 300 000 Juifs résidant en France, qu’ils soient de nationalité française ou étrangère, transformant leur vie en un véritable calvaire.
L’extrême-droite française, antisémite, peut s’attaquer aux Juifs, qu’elle rend responsable de la défaite. Ils sont frappés, dès 1940, par des dispositions réglementaires prises à la fois par les Allemands dans les régions annexées mais surtout par le gouvernement de Vichy en zones libre et occupée.
Ce dernier met en œuvre un antisémitisme d’État visant à exclure les Juifs de nationalité française de la vie politique, sociale et économique du pays. Ils sont soumis à partir du 3 octobre 1940 à un statut les excluant de toute fonction élective, de la fonction publique, de la magistrature, de l’armée. L’accès à l’Université et aux professions libérales leur est milité, leurs entreprises sont confisquées.
Dès lors, les Juifs français ne sont plus des citoyens à part entière. Un commissariat général chargé des questions juives est créé en 1941, les Juifs sont soumis à des mesures encore plus strictes. En zone sud, les Juifs étrangers sont assignés à résidence ou internés dans des camps spéciaux, à Rivesaltes, Gurs, Noé, Les Milles.
Certains de ces camps avaient précédemment accueillis des Républicains espagnols. Dans les Alpes-Maritimes où plusieurs milliers de Juifs étrangers se sont réfugiés, ces mesures rencontrent un accueil favorable dans l’opinion d’extrême-droite, d’autant plus que leur présence dans les hôtels du littoral accroît les difficultés de ravitaillement.

En zone occupée, les Allemands font main basse sur les biens des Juifs français, leur imposent une taxe d’un milliard de francs puis entreprennent leur recensement systématique. En mai 1942, tous les Israélites âgés de plus de six ans doivent porter une étoile jaune et subissent toutes sortes de vexation.

Alors que les autorités d'occupation italiennes avaient fait preuve d'une certaine clémence, les troupes allemandes qui envahissent la zone sud le 11 novembre 1942 après le débarquement allié en Afrique du Nord, multiplient de 1943 à 1944 les exactions, les perquisitions, les arrestations et les déportations vers les camps d'extermination, particulièrement celui d'Auschwitz, centre de la plus gigantesque entreprise criminelle de l'histoire du Monde.

Déclaration du commissaire général aux questions juives, 1942

Demande de production pour une chanteuse d'origine juive, 1942