Utelle

Un habitat fortifié dénommé Utelle est mentionné durant la première moitié du XIIIe siècle. Mais deux personnages cités, l'un au milieu du XIIe siècle, l'autre en 1208, nous indiquent peut-être une plus grande ancienneté au château.

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Le village

L’historien André Compan voit dans le nom d’Utelle la base préceltique ut, qui signifie promontoire, point de vue.

Situé en position dominante, environné de sommets majestueux et  administrant un vaste territoire communal de 6 797 ha  aux forts contrastes mais où se sont développés d’agréables et nombreux hameaux, Utelle est parmi les plus beaux villages du département.

Sa richesse  architecturale et l’harmonie de son développement urbain témoignent de son importance passée.

Dès l’Antiquité, une organisation humaine est attestée par des tombes sous tegulae,  des vases funéraires et un fragment d’épitaphe.

C’est au Moyen Âge cependant que s’affirma la prospérité  d’Utelle. Ses chartes anciennes révèlent  les ambitions d’une communauté farouchement attachée à son indépendance et à la reconnaissance de ses privilèges, confirmés dès 1352 par la reine Jeanne.  
A cette époque est déjà mentionné un castrum dont rien ne subsiste aujourd’hui. La communauté s’administrait elle-même selon les règles d’un statut municipal établi en 1533 ;  sa principale richesse était la forêt de Manoinas sur les pentes du Tournairet  (Granges de la Brasque) dont on exploitait les mélèzes et sapins, à laquelle s’ajoutaient les activités traditionnelles d’élevage et d’agriculture.

En 1388, la Dédition  à la maison de Savoie plaça  Utelle en position centrale dans les échanges entre Barcelonnette  et  Nice.  Avec la construction du premier chemin entre Nice et Turin, achevé en 1434, Utelle commandait les liaisons entre les vallées voisines mais perdit de son intérêt lorsque fut réalisée la route carrossable passant par le col de Tende et reliant plus directement Nice et Turin.

Cette position stratégique lui valut de subir  le passage des troupes françaises révolutionnaires et la contre-offensive autrichienne de mai 1800.

Au XIXe siècle, les visiteurs découvrent un village évolué, riche d’une organisation sociale diversifiée et stable où la piété a fait naître une multitude de constructions religieuses.

A l’écart des flux de circulation  qui passent désormais par le fond de la vallée de la Vésubie et victime d’un exode rural important, Utelle  conserve toutefois une forte attractivité touristique grâce à un incomparable patrimoine architectural.

Église paroissiale Saint-Véran, deuxième tiers XIVe siècle-XVIIIe siècle

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La mention, vers 1150, d’un Guillemus, clericus de Uels laisse penser qu’une église originelle existait au XIIe siècle. L’observation des élévations révèle que  Saint-Véran  a subi de profondes transformations. 

Sur un édifice du deuxième tiers du XIVe siècle ruiné par un séisme (peut-être celui  de 1494 ?), une reconstruction vers 1500-1520 réutilisa une partie des murs. On retrouve en effet les éléments les plus anciens, du XIVe siècle, sur le mur pignon de l’église: un portail abritant un tympan dont le seul décor est une croix grecque, au-dessus une baie couverte d’un arc en plein cintre  et cinq coupelles  vernissées, des majoliques, disposées en forme de croix.

C’est une habitude décorative qui remonte à l’époque romane, mais qui perdure jusqu’à la fin du Moyen Âge. A gauche du clocher, la façade a été exhaussée et porte les traces d’un grand portail bouché. L’édifice d’alors, plus simple que ses voisins de La Tour et Roquebillière, non voûté, n’avait qu’une charpente apparente.  

Avant 1540, le porche fut rajouté à l ‘édifice. En 1651, surélevée, l’église reçut une voûte légère en plâtre. Entre 1772 et 1775 l’intérieur se vit embelli de retables et de gypseries et une sacristie fut accolée au sud-est. Dans son état actuel, la paroissiale Saint-Véran présente un plan basilical à trois nefs de quatre travées, séparées par deux rangées de colonnes ; le  chœur carré à chevet plat prolonge le vaisseau central.

 

L’intérieur de la paroissiale (XVIIIe siècle)

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Portail, bois sculpté, 1542

Outre le portail d’entrée en bois sculpté de 1542,  composé de douze panneaux représentant les épisodes de la vie de saint Véran de Cavaillon et son combat contre la fameuse coulobre,  on remarquera une Annonciation du XVIe siècle, de magnifiques retables dont celui de  Saint-Antoine-de-Padoue réalisé en 1772 par le maître stucateur Caldelaro, auteur également du décor des fonts baptismaux.  

Les  travaux d’embellissement qui donnent à l’église son allure actuelle ont été  faits dans le style rocaille qui devint très en vogue dans le Comté à la fin du XVIIIe siècle.

Le décor des nefs : arcs doubleaux, arcs transversaux et encadrements des baies hautes de la nef centrale et des bas-côtés, comportant de multiples personnages, doit être situé dans le dernier tiers de ce siècle.  

Deux tableaux historiques dans le chœur ont un lien  avec la Maison de Savoie : l’un représente Amédée IX faisant l’aumône et l’autre le Saint Suaire et saint Maurice d’Agaune, protecteur des Etats de Savoie. 

Annonciation, huile sur bois, anonyme, vers 1540

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Retable de Saint-Antoine, œuvre du maître stucateur Caldelaro, 1772

Statue de saint Véran, XVIIe ou XVIIIe siècle

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Fonts baptismaux, œuvre du maître stucateur Caldelaro, 1775

 

Retable de la Passion, maître-autel, anonyme, non daté

Le retable  est  une œuvre sculptée monumentale (9m de haut sur 5,70m de large), totalement enchâssée dans le chœur de l’église.

Sa structure s’apparente à celle d’un temple et se compose de deux ailes appliquées au mur et d’une partie centrale, saillante de presque un mètre, reposant sur un ensemble de pilastres et de colonnes richement décoré.

La « lecture » de ce monument peut se faire verticalement, en reliant entre eux les éléments polychromiques : le tabernacle qui abrite l’Eucharistie, la statue de saint Véran, saint patron de la paroisse ( rajoutée au XVIIIe siècle), les crucifiés représentant le sacrifice de la Crucifixion et le Christ de la Résurrection.

En fond et horizontalement, on peut suivre le récit de la Passion du Christ développé en 22 scènes qu’on lit de gauche à droite et de bas en haut. Fichés sur les corniches rampantes, six soldats dont quatre sont endormis, forment la scène de la Résurrection et entourent le Christ de gloire. L’auteur de l’œuvre et la date de réalisation restent inconnus.

La Place de la République et la fontaine (1898)

Cette place est le cœur historique du village avec l’église, l’hôpital Sainte-Christine et l’ancienne mairie, au départ de la rue Passeroni.

Construit sur une galerie en arcades, ce dernier édifice comporte deux cadrans solaires en angle, surmontant les armes de la maison de Savoie et celles de la commune d’Utelle, assez fidèlement reproduites puisque les armoiries officielles sont  « D’argent aux deux pals d’azur, à l’ours de sable, brochant sur le tout ».

Faisant face, la Maison Thaon est une ancienne demeure noble, XVIIIe, construite sur arcades et décorée de fresques. Dans la montée de la rue du Planet se trouve l’ancienne prison communale. Telle qu’on peut la voir aujourd’hui, la fontaine date de 1898.

Elle fut réalisée lorsque la municipalité fit capter des sources situées au quartier de Roubi, à plus de 2 km du village, parce que les 431 habitants du village se retrouvaient chaque été complètement dépourvus du précieux liquide.

C’est un monument exceptionnel par son importance et par sa recherche architecturale. Jusqu’en 1934, ce fut le seul point de distribution d’eau au village.

 

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Hôpital Sainte-Christine, 1765

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Fondation pieuse, cet hôpital fut fondé le 16 avril 1686 par testament du notaire ducal Jacques Cristini.  

La réalisation et la gestion de l’établissement, dont la vocation était le soin des malades pauvres, furent confiées à la confrérie des Pénitents Blancs de la Sainte Croix et du Gonfalon.

Modestement doté au départ, il connut un véritable essor grâce aux financements qui lui furent apportés par le fils du fondateur et ses neveux.

La date de 1765, figurant sur le portail, marque la véritable date de création de cet hôpital-hospice. Les soins prodigués reflètent la vie d’une communauté agro-pastorale : on soignait à l’hôpital des morsures dues à un loup enragé, les conséquences d’un accident en forêt, les malades de typhoïde…

À cela s’ajoutaient des actions caritatives comme la distribution de vivres lors des disettes. Ce furent les sœurs hospitalières de la congrégation de Saint-Vincent-de-Paul qui se chargèrent des soins aux malades de 1834 à 1928, date de sa fermeture.

 

Chapelle Sainte-Croix, XVIIe siècle

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La chapelle Sainte-Croix est un édifice aux belles proportions auquel on accède par la jolie place du chanoine Roubaudi.

On remarquera, sur la façade d’une des maisons, le réemploi de deux fragments d’une borne frontière initialement placée au col des Champs. L’un porte la date de 1823, l’autre est gravé d’une croix de Savoie. Passée la petite calade aux pierres contrastées, on pénètre dans un édifice original dans le contexte baroque régional.

La chapelle a été construite  par la confrérie des Pénitents blancs, forte de 80 membres en 1809, dont  la vocation était l’assistance aux malades. La façade du bâtiment, rythmée de pilastres d’ordre colossal soutenant d’un seul élan le fronton, a des tendances néoclassiques. À l’angle nord-ouest, un clocheton est couvert d’une coupole sur tambour aux tuiles polychromes. 

L’intérieur, de plan barlong, présente une nef unique où alternent quatre travées inégales couvertes d’un berceau plein cintre aveugle ou de voûtes à pénétrations. Le chœur, au chevet plat,  est constitué d’une travée longue, de même largeur que la nef, mais plus basse et couverte d’un berceau surbaissé. 

L’intérieur de la chapelle Sainte-Croix 

Le chevet de la chapelle est entièrement occupé par un retable monumental en bois sculpté, doré et polychrome. C’est une œuvre puissante et remarquable. Le centre est encadré de doubles colonnes torses.

Les niches latérales s’ouvrent entre des cariatides. Les hauts sont peuplés d’anges, angelots et putti qui entourent un Père Eternel.
La partie la plus spectaculaire est le panneau central qui est une copie de la  Descente de Croix  que Rubens peignit pour la cathédrale d’Anvers en 1612. Mais ici il s’agit d’une monumentale sculpture en bas-relief entièrement dorée sur un fond peint de motifs floraux. 

Outre la copie de Rubens, la chapelle s’orne d’une suite de sept toiles évoquant la Passion, dont l’une, L’arrestation du Christ, est due au peintre niçois Guiglielmo Thaone, actif de 1711 à 1753, à qui l’on doit des décors éphémères réalisés lors de visites de souverains mais aussi une demi-douzaine de toiles qui ornent les églises du comté.

Influencé par Rubens et Annibale Carrache, puisant son inspiration dans les modèles des peintres italiens diffusés par la gravure, ce peintre a su composer des scènes vivantes où les personnages aux silhouettes charpentées et aux visages expressifs  forment des compositions originales.

 

 

Gravures et linteaux, XVe et XVIe siècle

Le promeneur pourra agrémenter sa déambulation dans le village par la recherche de linteaux ou d’éléments lapidaires gravés, datables de la fin du XVe et du XVI° siècle, inclus dans les façades : animaux (agneau, chien), pierres à bossage, et linteaux servant d’enseigne sur lesquels figurent des outils notamment ceux de forgeron avec pinces, enclume et marteau, rue du Château, ou de maçon, avec équerre et  compas gravés, sur celui de la rue Passeroni.

Dans cette même rue, on relèvera la présence d’une pierre en calcaire noir incluse dans un escalier, fragment d’une épitaphe datant du Ier siècle.

Les linteaux rencontrés sont fréquemment ornés du monogramme IHS qui représente le nom de Jésus et peut être interprété comme l’abréviation du latin Iesus Hominum Salvator , mais l’origine grecque était ??S, les 3 premières lettres du nom de Jésus.

Les monogrammes peuvent prendre des formes variées, être isolés ou inclus dans une couronne, parfois soutenue par deux anges aux larges mains et aux ailes déployées, comme c’est le cas ici. 

 

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Chapelle Saint-Sébastien, fin XVe siècle

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Cette chapelle est à l’entrée sud du village, c'est-à-dire à l’arrivée de la grande route muletière montant du Cros par Le Villars et surtout venant du littoral par Levens et le Pont de La Madone.

Dédiée à saint Sébastien, invoqué contre la peste, il s’agit donc d’une chapelle-barrière protégeant le village des épidémies véhiculées depuis les ports du bord de mer. Sa datation n’est pas connue mais la chapelle apparaît dans deux chartes en 1499, lors de la concession d’un pré et d’un fenil que l’on situe « près de la chapelle Saint-Sébastien ».

Ouvrant sur une large place,  elle a été malheureusement désaffectée et convertie en grange-bergerie : sa façade avait été murée et la chapelle divisée en deux niveaux par un plancher. Le niveau supérieur étant maintenant ouvert, on peut observer des traces de fresques sur la voûte et l’intrados de l’arc.

Chapelle des Pénitents noirs

La chapelle des Pénitents noirs est désacralisée de longue date. Après avoir été laissée à l’abandon, elle a été restaurée et convertie en salle polyvalente.

Les éléments architecturaux et ornementaux qui subsistaient ont été heureusement conservés et réhabilités.

En façade, des paires de pilastres soutiennent une architrave au-delà de laquelle le pignon est percé d’une baie rectangulaire. Le portail encadré de pilastres engagés soutenant une corniche saillante est surmonté d’un vaste panneau lui-même encadré de pilastres cannelés et d’une corniche.

Seules les couleurs bleue et saumon et l’inscription du panneau, encore visibles dans les années 1980, n’ont pas été maintenues. Le décor intérieur, conservé aujourd’hui, se concentre sur la travée de chœur avec des gypseries ornant le couvrement et un grand retable de stucs occupant tout le chevet plat. 

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Le Villars, chapelle Saint-Antoine-abbé dit aussi l’Ermite

Située entre Le Cros et Utelle sur le grand chemin muletier vésubien, c’est une charmante chapelle, de plan presque carré, aux façades totalement enduites. Sur l’angle sud-ouest un clocheton de plan carré est coiffé d’une pyramide en tuiles vernissées polychromes.

Le chevet présente un retable de gypseries qui enserrait jusqu’à la fin des années 1970 un tableau  Vierge de Miséricorde et les saints Antoine-Ermite, Catherine de Sienne et Catherine d’Alexandrie, et Véran, huile sur toile, anonyme, non datée, aujourd’hui disparue et remplacée par une représentation moderne de saint Antoine.

Le médaillon sommital porte la date de 1686 qui pourrait être celle d’une restauration du bâtiment et peut-être celle aussi de la toile originelle.  Une plaque de marbre porte l’inscription suivante : « Saint Antoine saint du Paradis / faites nous retrouver / ce que nous avons perdu / maintenant et à l’heure / de notre mort / MERCI », révèle une confusion amusante avec saint Antoine-de-Padoue habituellement prié pour retrouver tout objet perdu.

 

 

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Sanctuaire de la Madone (Notre-Dame des Miracles), première moitié du XIXe siècle

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La légende veut que vers 840-850, trois marins en perdition dans la Baie des Anges aient vu une lueur sur un sommet proche du littoral qui les guida et leur permit d’accoster sains et saufs.

Localisant cette lumière miraculeuse sur le long plateau de la Pinée, ils y édifièrent un oratoire vite transformé en chapelle. Le sanctuaire, aujourd'hui connu sous le nom de Madone d'Utelle, est mentionné en 1463 sous celui de chapelle Notre-Dame des Miracles. L’édifice,  plusieurs fois reconstruit, fut le siège de guérisons miraculeuses.

Incendié en 1793, le sanctuaire fut reconstruit à partir de 1808 puis entouré d’un cloître en 1871 qui permet l’exposition de nombreux ex-voto.

L’édifice lui-même comporte une nef unique de cinq travées adoptant le principe de la travée rythmique : aux extrémités et au centre des travées courtes et basses alternent avec deux plus grandes et élevées. Une travée supplémentaire, plus étroite, constitue le chœur.

Elle est couverte d’une voûte d’arêtes qui s’ouvre sur des baies hautes qui assurent un éclairage abondant du chœur en opposition avec la pénombre de la nef.

L’intérieur du sanctuaire de la Madone d’Utelle

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Le déambulatoire vibre d’une atmosphère toute particulière où dominent l’émotion et la gratitude ; aux murs sont accrochés de nombreux ex-voto, témoignages de reconnaissance pour une guérison accomplie, un mauvais pas évité ou un vœu réalisé.

Toiles, béquilles abandonnées, plaques gravées, cœurs d’argent sont les expressions d’une piété populaire vivace.

A l’intérieur du sanctuaire, un retable à 4 colonnes lisses soutenant un monumental fronton occupe la totalité du chevet plat du sanctuaire. Il abrite la statue de la Vierge de l’Assomption, la tête ceinte d’une auréole aux douze étoiles, soutenue par deux anges ; c’est un bois sculpté polychrome, datant du début du XIXe siècle.

Deux toiles sont à remarquer : une Annonciation  aux teintes délicates datée 1785 et une Assomption  sans date. La Vierge d’Utelle a été  couronnée le 27 juin 1938 par Mgr Valerio Valeri, nonce apostolique, à l’occasion d’une cérémonie ayant rassemblé 30 000 personnes.

 Depuis 1983, sous l’impulsion du recteur, des bâtiments d’accueil ont été ouverts et une permanence a été mise en place. 

Pèlerinages et étoiles de la Madone

 Les habitants d’Utelle, de la Tour et du Figaret, où les trois marins rescapés auraient fait souche, sont particulièrement attachés à l’accomplissement du pèlerinage à la Madone d’Utelle. La procession était traditionnellement emmenée par leurs confréries de pénitents et leur clergé. Plusieurs dates réunissaient les fidèles : le troisième dimanche après Pâques, le lundi de Pentecôte, le 9 juillet, où se tenait le pèlerinage des moissons, et la fête de Notre-Dame des Miracles, le 15 août et le 8 septembre. Les populations restent attachées à ces dévotions traditionnelles, qui s’accompagnent de moments conviviaux dont la « chasse aux étoiles » est un temps fort. 

La Vierge détache de son manteau une pluie d’étoiles à la veille de chaque pèlerinage : c’est ainsi que s’explique traditionnellement la présence d’étoiles de pierre retrouvées au sol. D’après les travaux de M. Gérard Thomel, ancien conservateur du Museum d’histoire naturelle de Nice, ces étoiles sont des segments fossilisés d’animaux  marins, les Crinoïdes, proches parents des oursins, ce qui rappelle qu’il y a environ 140 millions d’années la mer recouvrait cette région. 

Église Saint Honorat, Le Figaret, début XIXe siècle

L’église se situe sur un terroir acquis de Lantosque le 1er août 1459 pour 320 florins, cession approuvée par le duc de Savoie le 1er septembre.

L’église Saint-Honorat et Saint-Barthélemy fut promue paroissiale en 1802, et reconstruite à cette occasion entre 1802 et 1825.

Le clocher en pierre, d’une belle hauteur, n’a été rajouté qu’en 1902 ;  sa couverture se détache dans un paysage verdoyant et paisible où prédomine l’olivier. 

 

L’intérieur de l’église Saint-Honorat

L’édifice est de plan barlong constitué d’une nef unique de quatre travées qui sont séparées par de doubles pilastres engagés à chapiteaux ioniques. Le couvrement est formé d’une voûte en berceau plein cintre à pénétrations ;  une double corniche en stuc renforce les murs gouttereaux et reçoit la voûte.

Le chœur, très resserré par des segments de murs, est à peine surélevé d’un seul emmarchement. Le chevet en abside pentagonale est sous une voûte à nervures. Le retable en bois sculpté du maître-autel, peint dans une belle harmonie de rouge, bleu et or, enserre une toile de facture naïve : Saint Honorat entre saint Jean-Baptiste et saint Barthélémy sous la Vierge tendant le Rosaire aux saints Dominique et Catherine.

Elle peut remonter à l’extrême fin du XVIIe. Les autres toiles reprennent des thèmes iconographiques classiques :  Assomption et les Âmes du Purgatoire, Gloire de la Sainte Croix et les saints Joseph Antoine-de-Padoue et Honorat,  Saint Joseph et l’Enfant Jésus, et un tondo (toile ronde), L’ Immaculée Conception.

 

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Chapelle Saint-Anne, hameau du Blaquet, fin XVIIIe siècle

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La chapelle Saint-Anne est un charmant édifice joliment environné d’oliviers. D’agréables proportions, elle offre à la vue le contraste d’un petit clocher crépi et d’un corps de bâtiment laissé en pierres apparentes.

Le quartier du Blaquet, étant assez éloigné du Figaret, justifiait un lieu de culte d’appoint.

La chapelle a donc été fondée en 1760-61, à la suite d’une requête des gens du hameau auprès de l’autorité de tutelle à Nice. Avant sa restauration en  1987-88, l’édifice était en piteux état et avait entièrement perdu sa toiture ; son mobilier intérieur est modeste.

Le choix de la titulature est à mettre en rapport avec la proximité du sanctuaire de Sainte-Anne-du-Mounar dans la forêt du Tournairet sur la commune de Clans, important lieu de pèlerinage pour les communes environnant ce sommet.

 

Chapelle Saint-Jean-Baptiste, Saint-Jean-la-Rivière, 1899

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L’édifice actuel est daté 1899 sur le linteau du portail latéral.  

Il présente une nef de trois travées, flanquée à gauche d’un collatéral sur deux travées et à droite d’une chapelle latérale ouvrant juste avant le chœur. Le couvrement est constitué de voûtes en berceau plein cintre.

Le chœur  occupe une travée sous une voûte à croisée d’arêtes. Il est élargi à gauche d’une chapelle latérale.

Mis à part le saint Jean-Baptiste en bois sculpté polychrome de la niche du chœur, le mobilier est constitué essentiellement d’une dizaine de statues sulpiciennes en plâtre.

Dans la sacristie une monstrance aux reliques de saint Bassus, premier évêque légendaire de Nice, constitue une curiosité. Le bâtiment a bénéficié d’une restauration générale en 1999-2000. 

 

Ponts de Saint-Jean-la-Rivière

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Napoléon III avait promis qu’avec le rattachement du comté à France, il achèverait le désenclavement de l’arrière pays entrepris par les Sardes avant 1860.  

La route atteignit enfin Saint-Martin-Vésubie en 1876 mais son tracé par Levens et Duranus ne convenait pas aux communes de la Vésubie qui obtinrent une nouvelle voie suivant le cours de la Vésubie, route achevée en 1894.

De nombreux ouvrages d’art, l’ouverture des gorges en aval de Saint-Jean, et le percement de trois tunnels permirent le passage de ce nouvel axe ; à ces infrastructures s’ajoutèrent celles de la ligne de tramway Plan-du-Var-Saint-Martin-Vésubie (34,1 km).

Le tracé suivait alternativement les deux rives de la Vésubie en  traversant plusieurs tunnels, dont un de 300 m ; on atteignait Saint-Jean-la-Rivière grâce à un  pont d’une seule arche de 45 m de long, à 38 m au dessus de la rivière, ouvrage utilisant une technique ultramoderne pour l’époque, celle du béton armé.

 L’ouverture de la ligne de tramway se fit en 1909, la traction électrique remplaçant la vapeur dès 1911.

Le désenclavement de la vallée permit de joindre plus rapidement Nice mais en rendant plus proche la ville, il fut un facteur d’accélération de l’exode rural.

 

Prise d’eau du canal de la Vésubie, Saint-Jean-la-Rivière, 1880

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Le projet de captage des eaux de la Vésubie afin d’alimenter la région niçoise, pour ses besoins agricoles et urbains, date du milieu du XIXe siècle.

Bénéficiaire de la concession, la Compagnie des eaux commença à distribuer l’eau à Nice en 1885 grâce à la construction du canal principal, long de 28 km. Le concepteur du projet, l’ingénieur Delacroix, avait choisi ce site afin d’y implanter l’ouvrage de tête du canal.

Aujourd’hui inscrites au titre des Monuments historiques, les installations ont été soigneusement entretenues et conservées.  

Usine hydro-électrique EDF, Saint-Jean-la-Rivière, 1917

 

C'est la société Chiris et compagnie qui fut à l'origine de la construction de l'usine hydroélectrique de Saint-Jean-la Rivière, pendant la première guerre mondiale, afin d'alimenter en courant électrique l'usine chimique de Saint-Martin-du-Var travaillant pour la défense nationale.

Dans l'entre-deux-guerres, les installations furent acquises par la société Energie Electrique du Littoral Méditerranéen.
A sa construction, l'usine exploitait une chute d'eau de 30 m et développait une puissance de 3 000 cv.

Batterie de Saint-Jean-la-Rivière, 1887

La  construction de la batterie de Saint-Jean-la-Rivière ou chiuse (de l’italien chiudere c’est-à-dire fermer) trouve son origine dans le contexte diplomatique ayant suivi le rattachement du comté de Nice à la France.

Le Royaume d’Italie avait maintenu sa maîtrise des cols et des sommets en conservant des territoires en Tinée, Vésubie et Roya, faisant ainsi peser sur la France une menace permanente d’invasion.

La dégradation des relations diplomatiques entre les deux pays en 1870 entraîna une militarisation des frontières. La défense de Nice, point d’aboutissement de toutes les vallées, dicta l’établissement de verrous chargés d’empêcher le passage de l’ennemi.

En 1887, le passage par la Vésubie fut verrouillé par ce fort caverne, creusé dans la falaise, sur le même modèle que celui de Bauma Negra dans la Tinée. Composé de  deux casemates servant de logement et pouvant recevoir 60 hommes, protégé par des grilles, le fort défendait l’accès à la route grâce à une série de postes de tir en enfilade ; deux pont-levis manœuvrables de l’intérieur du fort permettaient d’interrompre le trafic. 

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Eglise Saint-Pierre d’Alcantara, Le Cros d’Utelle, 1672

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A la suite du Concordat de 1801, cette église devint paroissiale foraine ou secondaire en 1802.

Elle porte le nom de saint Pierre d’Alcantara, dont le culte est original dans la vallée de la Vésubie. Réformateur de l’observance franciscaine en Espagne  (les Alcantarins), saint Pierre d’Alcantara (1499-1562, canonisé en1669), fut conseiller de Thérèse d’Avilà dont il favorisa la réforme carmélite.

Il figure sur la toile du chevet , Sainte Trinité dominant les saints François d’Assise et Pierre d’Alcantara, datée 1672. Cette date pourrait être admise comme celle de l’achèvement de la construction de l’édifice. L’église a été restaurée en 1996-97. 

 

L’intérieur de l’église Saint-Pierre d’Alcantara

L’église est de plan barlong et présente une nef unique de cinq travées irrégulières, dont celle du chœur, et un chevet plat.

Elle est couverte de voûtes en berceau surbaissé à pénétrations, sauf dans la travée centrale, sans aucun doubleau même peint. Le découpage de la nef est assuré par des pilastres plats à chapiteaux moulurés soutenant une corniche à architrave en stuc.

Deux autels latéraux en marbre blanc, fin XIXe, portent des groupes en plâtre de type sulpicien. Outre la toile du chevet déjà mentionnée, une autre toile figure en buste, Saint Pie V et le miracle du Crucifix. Ce thème populaire de l’iconographie du pape dominicain est également présent dans la paroissiale Saint-Véran d’Utelle. 

 

 

Moulin coopératif de Cros d’Utelle, 1925

Cros d’Utelle comptait trois moulins à huile au XIXe siècle. L’un d’eux se trouvait à côté du pont franchissant la Vésubie, les deux autres sur le vallon des Moutons.

En 1925, le mauvais état du dernier moulin privé en activité décida 23 propriétaires  à s’unir pour créer une société coopérative qui fit équiper par l’entreprise niçoise Giordan ce moulin à huile et à farine, ultra-moderne pour l’époque puisqu’il utilisait l’électricité.

Utilisé jusqu’au début des années 2000, le moulin à huile comprend un broyeur à meules et deux presses hydrauliques. Les olives étaient réceptionnées au premier étage, au niveau de la route, et descendaient dans le broyeur grâce à une goulotte.

La partie moulin à farine disposait de deux paires de meules et d’un blutoir. Les machines étaient actionnées par un moteur hydraulique et un système de courroies et de poulies fixées au plafond.

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Pont du Cros d’Utelle

Le pont du Cros d’Utelle rappelle  l’importance des voies de communication dans la vallée de la Vésubie et les difficultés liées au franchissement de la rivière.

En 1552, la communauté d’Utelle commanda sa reconstruction au tailleur de pierres Monet Cristini. Moyennant 1 300 florins, il fallait entièrement refaire le pont à l’endroit où il avait été édifié par maître Bartolomeo Isnardi de Clans, avec une arche de 12 palmes d’ouverture par 12 de haut.

 Il est impossible de dire s’il s’agit du pont actuel. En 1803, Fodéré mentionnait l’importance de ce pont qui menaçait ruine et avait un besoin urgent de réparation. A proximité se trouvait la chapelle disparue de la  Madone du Pont du Cros  (ou Notre-Dame de la Sorbière du nom du lieu-dit),  située sur une butte dominant le  Garoumiou  ou gué romain, un peu en aval du pont plus tardif, qui a bénéficié à son tour de cette protection mariale.  

L’église est citée en 1376 ; le quartier de l’ancienne gare du tramway qui domine le pont actuel conserve aujourd’hui le nom de « la Madone ». 

 

Chapelle Notre-Dame de la Visitation, Le Chaudan

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Le hameau comptait  40 habitants en 1806. Pour tenir compte des besoins spirituels des habitants, parfois entravés par l’éloignement, la simple succursale du Chaudan fut promue en paroissiale en 1802.

Cette transformation que l’on retrouve à la même époque pour les chapelles du Cros, du Figaret et du Reveston, conduisit à une reconstruction du bâtiment qui fut doté d’un clocher accolé à l’ouest.

La façade, percée d’une thermale, est surmontée d’un fronton triangulaire.

Au-dessus du portail à encadrement mouluré de stuc ont été rassemblées les deux plaques honorant les soldats du Chaudan et du Reveston morts pour la France lors de la grande guerre. 

 

L’intérieur de la chapelle Notre-Dame de la Visitation

L’intérieur de plan barlong comprend une large nef unique de trois travées séparées par des pilastres engagés. Elle est couverte d’une voûte en berceau surbaissé à profondes pénétrations ouvrant sur des baies carrées dont deux à l’ouest sont fonctionnelles.

Le chœur, beaucoup plus bas que la nef, est couvert d’un berceau plein cintre ; le chevet est plat. L’originalité vient de la barrière de communion qui forme deux quarts de cercle supportés par un simple emmarchement de marbre blanc.

Trois toiles très rustiques aux thèmes classiques de la Visitation, de la Vierge du Rosaire, et de la Vierge à l’Enfant, peut-être dues au même artisan-peintre, viennent compléter un ensemble de statues sulpiciennes de plâtre et des chromos divers.

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Eglise Notre-Dame du Rosaire, Le Reveston

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L’étymologie du lieu est le revers, c'est-à-dire l’ubac, et donc ici le petit ubac. Le hameau n’est accessible qu’à pied.

Le sentier le plus direct s’embranche au milieu des gorges de la Mescla mais d’autres itinéraires partent du Chaudan ou de la Madone.

Au centre de constructions dispersées, dont l’ancienne école, l’église est un long édifice sans décor, couvert de tuiles rondes. Au chevet et à l’est, la sacristie est accolée en retour d’angle ; elle est légèrement plus basse.

Entre les deux bâtiments, s’étend un cimetière envahi d’herbes folles. A l’angle nord-ouest de la façade, un clocheton est posé transversalement sur le mur gouttereau.

L’intérieur, très dégradé, est constitué d’une longue nef unique et d’un chœur carré à chevet plat.

Actuellement rien ne reste du mobilier ; l’église désormais ouverte aux quatre vents a été victime de plusieurs saccages. Seul subsiste le plaisir d’observer, sur ce site, une nature paisible et riante, soigneusement entretenue par l’unique habitant du hameau.

 

Camp du Tournairet (Granges de la Brasque), 1889-1931

A partir de 1885, le massif du Mont Tournairet (2 086m) prit une importance stratégique pour l’état-major français. Une importante position défensive y fut progressivement aménagée et diverses constructions y furent dressées, de 1889 à 1931, prenant le nom de « Camp du Tournairet ».

En particulier des casernements destinés à servir de lieu de cantonnement d’été pour l’armée furent construits au quartier des  Granges de la Brasque, à 1 700 m d’altitude, comprenant notamment deux grands bâtiments en pierre de taille et des baraques en bois.

Un ouvrage défensif original est visible à l’entrée du camp, flanqué sur deux angles opposés en diagonale de deux échauguettes en béton.

L’ensemble du camp fut occupé en été dans les années 1930 comme le montre, à l’entrée du camp, les stèles d’insignes d’unités militaires  gravées sur des rochers par les soldats.