Le XIVe siècle

La ville de Nice se compose de deux agglomérations distinctes : la ville basse en pleine essor, et la ville haute en déclin progressif. La peste noire succède aux périodes de crise avant l’entrée en scène de la Savoie.

La ville de Nice : deux agglomérations distinctes

La ville basse, active, en essor, ville des négociants, des artisans, des ouvriers.

  • Importance élevée des terrains non bâtis (jardins, vignes).
  • Forte densité du peuplement dans les régions habitées (il ne reste rien des maisons et des édifices construits à cette époque).

La ville haute, ville des clercs et des notables, en déclin progressif,

  • Conserve une activité commerciale : le marché hebdomadaire du lundi et la foire annuelle de l’Assomption,
  • Le Parlement continue de se réunir devant la cathédrale.

Les deux villes sont entourées de remparts :

la ville haute communique avec la ville basse par trois portes. Leurs rapports sont parfois conflictuels : vers 1363, la ville haute refuse de participer aux frais de creusement d’un nouveau lit pour le Paillon.

Les crises de la seconde moitié du XIVe siècle

La région niçoise pratiquement isolée.

Pendant le règne en France de Charles V (1364-1380), les grandes compagnies (ce sont des bandes de soldats qui, désœuvrés pendant la paix, se transforment en bandes de brigands) sont chassées du royaume et envahissent la Provence, pillant les campagnes et coupant les routes de terre. Comme la piraterie rend la vie maritime peu sûre, Nice est isolée du reste de la Provence et sa situation devient difficile.

La peste noire (1348-1353)

Cette grave épidémie, originaire de l’Inde, envahit l’Asie Mineure, la Méditerranée, l’Europe occidentale et centrale.
On peut apprécier ses ravages en Provence par les chiffres suivants :

  • En 10 ans, la viguerie de Puget-Théniers perd un tiers de ses habitants,
  • De 1315 à 1367 le nombre des Niçois diminue des 2/5 : 1315 = 10 000 environ, 1367 = 6 000 environ.
  • A Antibes, de 1315 à 1371, le nombre de feux (foyers) passe de 350 à 200.

La Savoie, qui mène une politique d’expansion vers le Sud, entre en scène

  • Le comte de Savoie, Amédée VI, le Comte Vert (1343-1383), obtient du comte de Provence, Louis I, la partie angevine du Piémont.
  • Son successeur, Amédée VII, le Comte Rouge (1383-1391), acquiert en 1385 Coni et le Val de Stura.

La session de Nice et des villages du pays niçois au comte de Savoie

  • Après la mort de la reine Jeanne sans enfant, les guerres de succession (1382-1388) opposent deux prétendants : Charles de Duras (de Naples) et Louis d’Anjou.
    Si la Provence se déclare pour Louis d’Anjou, les communautés du pays niçois optent pour Louis ou pour Charles : le pays apparaît très divisé.
    Le seigneur de Beuil, Jean Grimaldi, en profite pour jouer un rôle décisif. Nommé gouverneur des régions de Provence par Charles de Duras, il le trahit en s’entendant avec le comte de Savoie. En août 1388, il s’engage à remettre au comte de Savoie Nice et sa viguerie, la viguerie de Vintimille et du Val de Lantosque, la viguerie de Puget-Théniers et la baillie de Barcelonnette.
  • Septembre 1388 - Amédée VII, à la tête d’une petite armée,
    • Est accueilli à Barcelonnette, Saint-Etienne-de-Tinée, Saint-Martin-Vésubie, L’Escarène, Nice,
    • Signe avec les syndics de Nice un contrat de 34 articles = il disposera à Nice des pouvoirs souverains pendant trois ans et il confirme les libertés, privilèges et coutumes de Nice.
  • Octobre 1388 - Amédée VII
    • Reçoit les délégués de Sospel, Luceram, Peille, Massoins, des villages des vallées de la Vésubie et de la Tinée. Toutes ces communautés se donnent à lui,
    • Rencontre, en revanche, le refus d’Entrevaux, Guillaumes, Daluis qui restent en Provence.
  • Novembre 1391 - la session de Nice devient irréversible
  • Les syndics de Nice prêtent, en effet, un hommage définitif au comte de Savoie.