L'échelon territorial

Pour diminuer les émissions de GES de la France d’ici 2050, il est nécessaire de définir et mettre en place des plans d’actions qui impliquent l’ensemble des acteurs

© CG06 - Dalstein-Richier

Pour diminuer les émissions de GES de la France d’ici 2050, il est nécessaire de définir et mettre en place des plans d’actions qui impliquent l’ensemble des acteurs, et l’échelon territorial est ici essentiel. Les impacts potentiels du changement climatique placent les collectivités au centre du dispositif d’action, avec des préoccupations majeures que sont l’évolution de la ressource en eau, de la biodiversité, de la gestion des phénomènes extrêmes, … 

Au niveau d’une collectivité, agir pour le climat, c’est aussi faire le choix d’une politique économique, sociale et environnementale de nature à assurer pour ses habitants qualité de vie, solidarité entre les générations et cohésion sociale. 

En outre, l’échelon territorial est particulièrement pertinent pour les questions liées à la maîtrise de l'énergie, la promotion des énergies renouvelables, les transports et l’adaptation au changement climatique. 

En tant qu’acteurs économiques, les collectivités génèrent directement plus de 15 % des émissions nationales de gaz à effet de serre, et ont donc également une intervention à mener sur leur propre patrimoine, dans une logique d’exemplarité de l’action publique. 

Ainsi depuis 2009, le Plan Climat Énergie réalise un Bilan Carbone de son patrimoine, de ses actions, et de ses services. 

Les Plans d'actions territoriaux

La démarche du Plan d’actions Climat énergie à l’échelle territoriale (PCET) vise une déclinaison locale des engagements nationaux et la loi d’orientation issue du Grenelle de l’environnement ayant incité à une généralisation des Plans Climat énergie territoriaux sur tout le territoire national jusque 2012 au plus tard.

Extrait de la loi d’orientation issue du Grenelle de l’environnement 

Article 8 :

Les Conseils régionaux, les Conseils généraux et les Communes de plus de 50 000 habitants seront invités à établir des plans climat énergie territoriaux avant 2012. 

Depuis 2015, la loi sur la transition énergétique a modifié ce nombre d’habitants et aujourd’hui, toute collectivité de plus de 20 000 habitants doit se doter d’un Plan Climat Énergie (dont l’appellation exacte est actuellement « Plan Climat Air Energie »).  

Ce Plan Climat des Alpes-Maritimes s’inscrit dans une action globale de maîtrise des énergies et d’adaptation au changement climatique impulsée depuis le début des années 2000. Ce PCET permet de couvrir le champ d’action de la collectivité (ex : transport, tourisme, bâtiments, énergie, espaces verts…) et d’agir là où il y a un impact. 

Le cœur de l’action réside dans la maîtrise de l’énergie consommée (qui représente 80 % des émissions de gaz à effet de serre selon l’ADEME et qui ne cessent d’augmenter) : maîtrise des consommations de la collectivité, production et distribution locale de l’énergie. 

L’urbanisme et l’aménagement, les transports, l’agriculture, la gestion de la forêt et des espaces verts, la biodiversité, sont les domaines principaux sur lesquels le département doit agir et autour desquels, il bâtit son Plan Climat Territorial. Celui-ci permet de :

 

  • connaître les sources et niveaux d’émissions du département et ses tendances d’évolution, grâce au Bilan Carbone™ Territoire, 
  • de définir une stratégie concertée avec l’ensemble des acteurs (publics, privés, associatifs), 
  • de fixer des objectifs et de coordonner les actions à mener dans les prochaines années de façon cohérente et justifiée entre tous les acteurs. 

 

Conscient de sa part de responsabilité, de son champ d’action en matière de transport, d’habitat et de son rôle d’effet de levier sur son territoire, le Département des Alpes Maritimes s’engage ainsi pour une nouvelle politique de lutte contre le changement climatique

 

Impacts des changements climatiques

Les effets potentiels du changement climatique dans le département des Alpes-Maritimes et d’une manière générale en région PACA permettent la mise en évidence de points-clés de sensibilité, déjà en partie ressentis.

Agir sur l’économie locale

Le tourisme

  • Sensibilité actuelle : les conditions touristiques estivales restent dans l’ensemble peu affectées pour le moment, si ce n’est via la perception qu’en ont les touristes ; le contexte hivernal plus sensible, est lié aux problèmes de fiabilité d’enneigement des stations de moyenne montagne (d’ici à 2020 la profondeur du manteau neigeux devrait diminuer de 20 à 30% dans les Alpes du Sud). 
  • Sensibilité potentielle face au changement climatique : des opportunités sont possibles du fait d’un allongement de la saison estivale, du développement du tourisme rural, mais il y a nécessité d’ajustement de l’offre touristique, notamment de certaines stations de ski : diversification en moyenne montagne, gestion d’une pression accentuée en haute montagne. 

Le développement de certaines activités novatrices

Prendre en charge la question climatique peut être perçu comme une opportunité de développement d’activités et d’emplois : la politique de réduction des émissions de GES passe en effet par de nouvelles techniques dans le domaine du bâtiment, par le développement de nouvelles filières énergétiques. A long terme, un plan climat peut donc être source de revenu pour la collectivité. Ainsi, dans son dernier rapport, l’AIE confirme en effet le rôle majeur que peuvent et doivent jouer les énergies renouvelables pour atteindre l’objectif du facteur 4 de réduction des émissions à l’horizon 2020 : leur scénario prévoit presque un doublement de la production d’énergie d’origine renouvelable entre 2030 et 2050.

Une politique de maîtrise de l’énergie permet d’autre part de sécuriser les approvisionnements énergétiques et de diminuer les factures d’énergie.

 

Enfin, un des principes fondamentaux de la lutte contre les gaz à effet de serre, consiste à relocaliser l’économie, c’est-à-dire à favoriser les producteurs locaux et de proximité de biens et services, et de les préférer aux grandes chaînes ou aux distributeurs qui pratiquent l’import. La relocalisation de l’économie permet à la fois de limiter les transports liés aux marchandises, mais aussi, par la relocalisation des commerces de proximité au sein des villes et villages, permet de réduire l’usage de la voiture particulière pour les achats hebdomadaires.

Agir sur le social

La politique d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques est nécessaire. En effet, l’amélioration de la qualité de vie sur un territoire s’applique à toute la population. D’où l’importance d’inclure des critères de maîtrise de l’énergie aussi dans les constructions-rénovations de logements sociaux, de proposer des parcours de formation dans les nouvelles filières d’emploi qui vont se développer grâce au Plan Climat (techniques environnementales du bâtiment, énergies renouvelables), de viser à une diffusion des bonnes pratiques sur l’ensemble du département, vers le moyen et haut pays, vers l’Ouest du département.

 

Enfin, un Plan Climat peut contribuer à l’image de marque de la collectivité. En améliorant la qualité de vie des habitants du territoire, le PCET contribuera à l’attractivité du territoire et à son développement économique. 

Agir sur l’environnement

L’un des axes d’actions du Plan Climat porte sur la prévention et la réduction des impacts potentiels du changement climatique, qui peuvent être significatifs sur le territoire, notamment sur la question de l’eau, de la biodiversité, de la forêt. Par ailleurs, la qualité de l’air est également un point important de préoccupation du département or le réchauffement attendu lié au changement climatique risque de jouer un rôle aggravant du fait d’un effet combiné réchauffement / pollution atmosphérique. Étant donné l’importance des critères de qualité des paysages et du cadre de vie pour le département, une démarche pro-active intégrée dans le Plan Climat Énergie s’avère essentielle. 

Les ressources en eau

  • Sensibilité actuelle : dans un contexte de pression croissante des utilisateurs : une diminution de la ressource est déjà notée en été, ainsi que des problèmes de qualité accentués par les faibles débits d’étiage. On constate une succession de plusieurs années avec des apports hydrologiques significativement réduits (période d’observation 2003-2007). 
  • Sensibilité potentielle face au changement climatique : sur le plan de la quantité, il y a possibilité de conflits d’usage même; sur le plan de la qualité, le facteur climatique représente un facteur aggravant des phénomènes de pollution avec à long terme le risque de salinisation des eaux souterraines sur la zone littorale. 

La biodiversité

  • Sensibilité actuelle : la richesse de biodiversité, très importante (terrestre et aquatique), est déjà touchée par de récents épisodes de réchauffement notamment sur les espèces aquatiques ; des espèces terrestres sont déjà en limite d’aires de répartition. 
  • Sensibilité potentielle face au changement climatique : la biodiversité est particulièrement sensible aux changements à venir avec le déclin possible de certaines espèces (aquatiques notamment), la destruction des milieux face au risque accru d’incendies,... or la biodiversité représente un atout spécifique pour l’économie de la région, notamment sur le plan touristique (rôle des Parcs naturels et du Parc national du Mercantour). 

La forêt

  • Sensibilité actuelle : la forêt en PACA est déjà affectée de manière significative par les récents événements climatiques et notamment par des sécheresses prolongées / à répétition ; dépérissement et migration d’espèces sont déjà constatés (pins sylvestre et sapins par exemple) ; le risque incendie est déjà très élevé sur une grande partie de la région 
  • Il y a un risque accentué de dépérissement et de migration d’espèces végétales, les essences menacées étant celles qui ne supportent pas les sécheresses. Ceci est accentué par un risque significatif de pollution photochimique à l’ozone, polluant atmosphérique majeur de toute la région PACA et dont les effets sur les pins d’altitude ont été relevés. A cette pollution se surajoute aussi l’impact des parasites (encre du chêne,...). 
  • La lutte contre le charançon rouge des palmiers s’inscrit également dans les combats que mène actuellement le Département. Cet insecte parasite, identifié dans le sud-est de la France depuis 2006, menace grandement les nombreux palmiers (et plus particulièrement le palmier des canaries (Phoenix canariensis)), présents notamment dans les Alpes-Maritimes. 
  • Le Département est également engagé dans la lutte contre la chenille processionnaire du pin, causant des dommages aux arbres (pins, cèdres) mais pouvant également représenter un danger pour l’Homme. 

L’agriculture

  • Sensibilité actuelle : une dépendance à l’irrigation accrue est constatée, du fait de la multiplication des épisodes de sécheresse, ainsi qu’une modification déjà significative des cycles de production de cultures particulièrement sensibles aux changements de température (arboriculture fruitière par exemple).  

La santé

  •  Sensibilité actuelle : une situation plutôt positive actuellement tant en termes de niveau moyen de santé que de capacité à réagir. 
  • Sensibilité potentielle face au changement climatique : la sensibilité aux périodes de forte chaleur dépendra notamment du vieillissement de la population et de l’accentuation localisée du risque, s’il est combiné avec la pollution industrielle et urbaine ; certaines zones représentent un terrain potentiellement propice au développement de maladies 
  • Sensibilité actuelle face au développement du moustique tigre dans les Alpes-Maritimes : le Département a engagé une campagne de lutte contre cet insecte pour maîtriser sa prolifération.