Bairols

Un habitat fortifié du nom de Bairols est mentionné au milieu du XIe siècle.

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Chaque tournant de la route qui mène à Bairols offrira aux visiteurs un panorama nouveau, et la forêt qui, selon les saisons, se pare de verts profonds ou s’embrase, accompagnera la longue ascension jusqu’au village, véritable nid d’aigle à l’aspect médiéval, maintenant transformé en une coquette agglomération.

Bairols apparaît pour la première fois vers 1040, dans un acte de donation fait par Aldebert et sa femme Emengarde, de biens et droits détenus à « Bairolo ».

Quelques années plus tard, un autre acte du cartulaire de l’abbaye de Lérins mentionne un « castrum ».
Cet habitat fortifié occupe probablement déjà son emplacement actuel.

Le village, qui s’est développé sur un éperon rocheux vers le tout début de l’époque moderne, présente un plan linéaire, des rues pavées, et d es maisons-remparts.

En 1259 est mentionné un prieuré bénédictin Saint-Martin, possession de l’abbaye de Lérins, dont on sait qu’en 1353 il abritait un prieur et un religieux.

Longtemps possession de la puissante famille féodale des Grimaldi de Beuil, Bairols a subi le contrecoup de tous les conflits affectant la Tinée, notamment les guerres de Succession d’Espagne et le passage des Gallispans et des Austro-sardes.

Mal desservi par des chemins en mauvais état, le village souffrira jusqu’au début du XXe siècle de son isolement. Bairols a vécu traditionnellement de l’exploitation de la forêt pour la Marine.
À cela s’ajoutait une activité agricole et pastorale parfois déficitaire pour nourrir la population du village, estimée dans l’enquête de l’intendant Joanini, en 1752, à 140 âmes.
Cette population passe ensuite à 250 habitants au milieu du XIXe siècle, pour décroître lentement à 129 habitants dans les années trente, puis très brutalement en 1936, année où on ne recense plus que 57 habitants

Stèle

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La Stèle est présentée à l’entrée du village, en position verticale.

Elle a été repérée en 2003 à l’extérieur de la chapelle ruinée de Saint-Martin, à l’entrée, où elle servait probablement de banc, avec un autre monolithe gravé d’un cartouche épigraphique.

La « stèle au cercle » est un bloc en grès jaune apparemment local, taillé sur les 2/3, la partie basse constituant un talon ou un socle permettant de l’enterrer et de la maintenir. Un cercle gravé en creux d’environ 16 cm orne la partie supérieure cassée du monolithe.

L’interprétation de ce symbole reste incertaine, de même que sa datation, le monolithe pouvant appartenir au néolithique comme à la période romaine.

Son intérêt majeur est de désigner le site de la chapelle Saint-Martin comme un lieu de pratique cultuelle et funéraire ancien, réemployé ou pérennisé dans le temps.

Église Sainte-Marguerite

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L’église est remarquable par son implantation, en position élevée, sur l’éperon rocheux qui porte le village.

Construite au bord d’un à-pic, elle reflète les contraintes physiques auxquelles les bâtisseurs ont dû faire face, qui seules, pourtant, n’expliquent pas les particularités du bâtiment.

L’asymétrie de la façade laisse visible sur le côté une importante abside orientée à l’est, alors que le corps de l’église est orienté au nord.

L’historien Luc Thévenon émet l’hypothèse d’un édifice roman antérieur, plus petit, agrandi dans le sens de la largeur, vers le nord, par l’adjonction d’une nef baroque ; l’entrée latérale de la chapelle, sans doute agrandie, ayant été transformée en porte principale.

Autel du Rosaire, 1645

Giovanni Rocca a exécuté là un Rosaire, très semblable à celui du village de Marie, daté de 1645.

La dévotion au Rosaire naît à la fin du XVe siècle mais se développe surtout à la fin du XVIe siècle, propagée par les Dominicains et les confréries créées sous ce titre. Par la récitation du chapelet, le fidèle était appelé à réfléchir et à méditer sur la vie du Christ et les mystères de la Rédemption, et à assurer son perfectionnement individuel. La toile qui orne l’autel du Rosaire est donc le support de sa réflexion, agissant comme une Bible en images, limitée toutefois au Nouveau Testament.
La toile adopte donc une composition traditionnelle : le panneau central représente la Vierge tenant l’enfant Jésus qui remet le rosaire à saint Dominique et à sainte Catherine de Sienne ; de petits tableaux se répartissent sur les trois côtés, le tout étant surmonté d’une représentation de Dieu le Père.

Les 15 épisodes, dits du Rosaire, se répartissent en mystères joyeux (Annonciation, Visitation, Nativité, Purification), mystères douloureux relatifs à la Passion et mystères glorieux qui concernent la Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption et le Couronnement de la Vierge

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La Crucifixion, vers 1740

Ce tableau est l’œuvre d’un peintre ligure, peut-être même génois.

Il donne ici une composition d’un style un peu ampoulé, mais utilisant une palette riche pour rendre visages et vêtements. On remarquera les manteaux, les chapes et les frocs des personnages très travaillés, leurs plissés tourmentés, les visages creusés de rides et les muscles saillants des corps. L’œuvre a été donnée par Michel Antoine Ceppi, capitaine turinois, comte du lieu depuis 1724 ; ses armes figurent au bas du tableau

Statue de sainte Marguerite, XVIIIe siècle

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C’est la Légende dorée, œuvre de Jacques de Voragine, qui a popularisé la figure de sainte Marguerite, née à Antioche au IVe siècle, convertie au christianisme par sa nourrice.

Refusant de se marier au gouverneur Olybrius, elle fut jetée en prison où elle subit l’attaque d’un démon qui l’avala, mais dont elle put percer les entrailles grâce à un signe de croix ou, selon une autre version, qu’elle parvint à soumettre.

Suppliciée par Olybrius, elle mourut décapitée. La statue en bois polychrome conservée dans l’église paroissiale reprend certains des attributs habituels de la sainte : la croix tenue en main, le dragon dompté à ses pieds, sorte de saurien ailé haut sur pattes, la couronne, formée par le dais de procession.

Toutefois, le dragon, élément indépendant de la statue, réalisé dans une racine, est peut-être un attribut rajouté après coup à une statue indifférenciée, transformée ainsi en sainte Marguerite. Sortant saine et sauve du corps du dragon, la sainte a inspiré la protection envers les femmes enceintes qui l’invoquaient pour obtenir une heureuse délivrance

 

Fontaine et moulin

Fontaine

La captation et la répartition de l’eau dans le village a été une préoccupation constante des autorités.

On voit apparaître dans les délibérations municipales, en 1863, en 1882, en 1899 et en 1905, divers projets de création de fontaines publiques, de construction d’un canal pour capter les eaux de surverse des fontaines qui rendent les rues impraticables en hiver, d’acquisition d’une source, ou de construction d’un lavoir couvert au nord-ouest du village.

En 1928, le village possédait deux lavoirs communaux.

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Moulin

L’aménagement d’un moulin moderne, couplant la production de farine et d’huile dans le moulin à huile existant, est fortement réclamé par les habitants dans les années 1930.

Les agriculteurs y voyaient le moyen d’éviter une fatigue considérable et un trajet difficile à dos d’homme ou de mulet pour faire moudre leurs grains à Clans ou à La Tour.

Le moulin a été transformé en auberge

 

 

Chapelle Saint-Roch, XVIIIe siècle

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La municipalité a fait restaurer cette chapelle très simple dans son architecture. Saint Roch et saint Sébastien étaient les saints dont la protection était la plus invoquée contre la peste.

Les épidémies de 1348, année où Clans, village voisin, perdit plus d’un tiers de sa population, de 1550, 1580, 1631, furent parmi les plus meurtrières du Comté. Saint Roch, né au XIVe siècle à Montpellier, était invoqué car il avait lui-même réchappé à la mort, lors de son pèlerinage à Rome. Atteint par la peste, s’isolant pour ne pas propager la maladie, il fut soigné par un ange et survécut grâce à son chien qui, chaque jour, lui apportait un pain.

Le saint est traditionnellement représenté en habit de pèlerin, bâton à la main, montrant un bubon de peste sur sa jambe et accompagné d’un chien tenant un pain dans sa gueule.

On compte plus de 45 chapelles dédiées à saint Roch dans l’ancien comté de Nice.